
Cette chapelle fut fondée par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem au XIIème siècle. C’est pourquoi elle s’appelle Saint-Jean de l’Hôpital. Cet ordre, en complément de celui des Templiers et des Teutoniques, était l’un des trois ordres militaires de l’époque des croisades, rassemblant les moines Chevaliers. Il apparut dès 1070 et fut reconnu en 1120.
L’ordre des Hospitaliers, fondé au Moyen-Age, avait pour mission première d’aider les nécessiteux avant de devenir un ordre militaire. Cette action était basée sur le recueil d’aumônes diverses. Après le démantèlement des Templiers, sur ordre du roi Philippe Le Bel, en vertu de l’allégeance des Hospitaliers au Pape Clément V, les biens des Templiers furent attribués aux frères Hospitaliers. On peut supposer que ces mannes servirent à édifier des lieux de culte (et de soin), dont Saint Jean aurait pu bénéficier. Le village aurait en effet été pourvu d’une léproserie.
Elle fut d’abord annexée à l’Hôpital de Malansac, puis à la Commanderie de Carentoir, près de La Gacilly. A cette époque, la chapelle était nommée Temple de l’Hôpital et faisait office d’aumônerie.
L’édifice construit suivant un plan en forme de croix latine fut remanié aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il fut ravagé par un incendie en 1793, à l’époque de la Révolution : le Mayennais François Julien Le Batteux semait en effet la terreur à Questembert et à Noyal-Muzillac.
Extérieur
La façade ouest fut restaurée au XVIIIème siècle, dans le style de l’époque (porte à fronton, pilastres, clochetons ou pinacles en forme de pyramides).
On distingue au-dessus de l’entrée principale le nom de l’avant-dernier commandeur de Carentoir, François Thomas et la date de 1780.
La cloche est refondue et « Yvette » prend place en 1982 en haut du clocher. Jean-Paul (le bedeau) et Geneviève en sont le parrain et la marraine comme la tradition des cloches l’impose.
La façade sud comporte une curiosité : le trou de la fécondité. Selon la légende, il suffirait que les femmes qui désirent un enfant y mettent le doigt pour que Saint-Jean Baptiste exauce leur souhait.
La façade est comporte une petite ouverture trilobée (en forme de trèfle) qui date du XIIIème ou XIVème siècle.
A hauteur d’homme se distinguent des signes en forme de chevrons inversés, de guillemets, de flèches qui seraient un indice pour trouver le trésor des Templiers. Ces détails prouvent l’ancienneté de l’édifice : on peut analyser ces gravures comme des arêtes de poisson, reprenant le symbole chrétien premier : le poisson.
La façade nord possède, aux angles supérieurs de ses murs, deux écussons aujourd’hui lisses qui étaient sculptés d’une croix de Malte.La porte est surmontée d’une accolade.
La chapelle était entourée d’un cimetière et possédait un ossuaire. Tous deux auraient été déplacés dans les années 1950.
Intérieur
Les parties les plus anciennes sont le chœur et le transept.
Quand on entre par la porte latérale, on observe un bénitier en pierre de forme octogonale.
Le bras nord du transept est relié à la nef par deux arcades basses en plein cintre reposant sur des colonnes cylindriques, caractéristiques des édifices religieux des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Sur l’autel en bois du chœur se distingue une pièce d’ardoise carrée gravée de cinq croix de Malte. La chapelle possède également un maître-autel en granit.
Dans les années 1980 la chapelle s’est dotée de deux vitraux représentant les saints protecteurs de la frairie de Saint-Jean.
Les statues
L’édifice comporte différentes statues de saints :
Saint Jean-Baptiste
Saint Jean l’Evangéliste
Saint-Cornély
Saint- Marc
Sainte- Marguerite (à laquelle on a soustrait le dragon)
La Vierge Marie
Les croix
Des croix géminées sont des croix doubles sur un socle commun. Le mot provient du latin « geminatus » qui signifie « doublé » (cf. gémeaux).
Comme de nombreuses croix, ces croix géminées se situent au carrefour de l’ancienne voie reliant Noyal-Muzillac à Questembert.
Une partie du socle du calvaire est constituée de pierres récupérées auprès de fontaines autrefois cultuelles.
La particularité de celles-ci réside dans leur hauteur inégale et leur forme identique. Elles sont formées de fûts longs de coupe octogonale et encastrés dans des bases carrées ressortant du socle. La plus haute des deux croix latines, sculptée, représente le Christ en croix ; la plus basse, non sculptée, figurerait le « bon larron ». Cette scène biblique se déroulant sur le Mont Golgotha présente aussi le « mauvais larron ». Son absence est énigmatique.
Lors de processions de la Saint-Jean, aux alentours du 24 juin, les fidèles remontaient de la Chapelle Saint-Jean (en contrebas du village) aux croix géminées après une étape à la croix hosannière à proximité de la chapelle.
Cette croix est appelée hosannière en référence à l’exclamation redite avec solennité « Hosannah filio David ». Elle a parfois servi d’étape pendant la procession des Rameaux. Le diacre y déposait le missel et chantait l’Evangile des Rameaux.
Jusque dans les années 1970, une procession commençait de la croix Sainte Marguerite située sur la Départementale 5, à environ un kilomètre de la chapelle. Cette procession avait lieu le 5 avril, jour de la fête de Saint-Marc, à sept heures, pendant les rogations, en chantant la litanie des saints pour demander de bonnes récoltes.
Tous les ans, vers le 24 juin, une messe y est célébrée et la journée est animée par les membres de l’Association de la Chapelle.
Le soir de la fête, on peut assister à la fouée de la St Jean, (on met le feu à de nombreux fagots mis en tas, et qui ont été préparés quelques mois à l’ avance par les « fagottoux » de la frairie) et on y fait sonner les bassins (traditions d’autrefois qui consiste, en tirant des joncs sur des grands bassins en cuivre à faire « sonner ». C’est un bruit qui porte à plusieurs kilomètres.