
Aucun document n’apporte de réelles précisions sur l’origine de cette chapelle. Certains éléments ont cependant permis de tenter de reconstituer son histoire.
Le fût de la croix située à proximité de la chapelle est orné d’un écusson, vairé d’or et de sable, représentant les armoiries de la famille Châteaudérec, qui résida dans le manoir du même nom, situé à l’est du village de Lesnoyal. Cette famille existait bel et bien en 1566, parallèlement à la vente du manoir. Cela laisse supposer qu’une chapelle existait à cette époque, car cette croix n’aurait guère eu de raison d’avoir été élevée seule. C’est donc probablement à cette seigneurie de Châteaudérec, qui possédait basse, moyenne et haute justice, qu’il convient d’attribuer la construction de cette chapelle.
On distingue également, gravée dans une des pierres de la façade de la chapelle, côté sud, une inscription plutôt difficile à déchiffrer : « Faict en MDCC » c’est-à-dire « Fait en ..17… » Soit, elle correspond à une construction neuve pour remplacer la chapelle d’origine, soit le signe d’une importante restauration de l’édifice au 18ème siècle.
La date de 1833 apparaît sur une pierre du pignon de la sacristie. Elle correspond à l’année de construction de cette sacristie.
Les premières chapelles de nos campagnes ne comportaient généralement pas de sacristie. La construction de ces annexes est apparue relativement récemment. Sur la commune de Questembert, seules les chapelles de Sainte Noyale et Notre Dame de l’O comportent une sacristie.

La chapelle : côté nord et sa sacristie

La chapelle et son clocher

Au-dessus de la porte côté Sud

Niche et statue du bâtiment annexe
Intérieur
La voûte de cette chapelle est en bois et dite en demi-quadrilobe.
Elle possède un retable renaissance (construction verticale, peinte ou sculptée, souvent richement décorée, placée derrière l’autel).


Le confessionnal en bois date de 1818 (au fond de la chapelle) est inscrit aux monuments historiques.
Intérieur de la chapelle et son retable…

La chapelle de Lesnoyal abrite de nombreux hôtes, des statues de Saints, guérisseurs de certaines de nos plaies de l’âme ou du corps, pour peu qu’on les invoque avec foi et respect.
Le Breton considère les maladies de l’homme et du bétail comme une punition de Dieu…dans chaque cas, il s’adresse au Saint « spécialiste », ainsi en cas de maladie, au lieu d’avoir recours à la médecine traditionnelle, les Bretons préfèrent invoquer et prier leurs multiples saints guérisseurs au lieu d’avoir affaire à leur médecin de campagne.
Chaque Saint a sa spécialité et, de ce fait, un devoir de guérir celui qui fait appel à lui. Ces dévotions entraînaient souvent des démarches spécifiques et parfois étranges, de la part du malade ou de sa famille : prières, offrandes…
Les Statues :
Sainte- Noyale :
Sainte- Noyale était une vierge martyre née au Vème siècle et vénérée plus particulièrement dans le Morbihan. Originaire du Pays de Galles et de souche royale, elle voulut consacrer sa vie à Dieu. Pour ne pas avoir à se marier, elle décide de fuir son pays.


Arrivée près de Vannes avec sa nourrice, les deux femmes se dirigent vers les forêts intérieures pour y chercher la tranquillité. C’est alors qu’un noble, nommé Nizan, s’éprend d’elle et entreprend de la séduire. Ne voulant pas de cette union, elle s’enfuit à nouveau. Mais le tyran la rattrapera et la décapitera. C’est à ce moment-là que la légende commence.
Aussitôt après son martyre, elle prend sa tête entre ses mains et repart avec sa nourrice. Arrivées dans un endroit isolé, elles se reposent enfin.
C’est alors que trois gouttes de sang tombent de son cou et aussitôt, trois sources jaillissent. Elle plante son bâton dans le sol et immédiatement il devient aubépine.
C’est à l’endroit même où elle rendit l’âme, à Noyal Pontivy en Morbihan, qu’on érigea une chapelle et un ensemble appelé « les 3 fontaines ».
Considérée comme une sainte Bretonne, nos ancêtres ont voulu se mettre sous sa protection en donnant à leur chapelle le vocable de Sainte-Noyale.
Saint Pierre, Sainte Anne, Saint Cornély, Saint Antoine de Padoue, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
Jeanne d’Arc
La vierge Marie : elle provient de l’église Saint Pierre et fut donnée à la chapelle par la famille de la Buharaye. En échange, le Christ en bois de la chapelle fut placé dans l’église paroissiale.

St Pierre et …

la vierge à l’enfant

Jeanne d’Arc
Ste Noyale
Extérieur
Un enclos entouré d’un muret de pierres dans lequel se trouve un échalier, imposé au 16ème siècle, pour signaler un espace sacré et celui des morts, ici un cimetière.

L’échalier

L’if
La chapelle est accompagnée, comme beaucoup d’autres en Bretagne, d’un if. Les anciens attribuaient à l’if des vertus d’éternité et le plantaient symboliquement à proximité des lieux de culte et de sépultures. Au temps des Vénètes, l’if était omniprésent en terre armoricaine. Le pin, le cyprès, le sapin n’avaient pas été encore introduits.
Cette espèce a deux particularités : celle d’avoir un feuillage persistant, et celle d’avoir une très grande longévité.
Ces deux caractéristiques font de lui un arbre quasi magique qui semblait immortel aux anciens. Espèce très vénéneuse aussi ; les gaulois se servaient d’un suc extrait des baies rouges de l’if pour empoisonner leurs flèches.
La croix
La croix est appelée hosannière. Ces croix servaient parfois d’étape pendant la procession des Rameaux. Le diacre y déposait le missel et chantait l’évangile des Rameaux. Les croix hosannières avoisinaient les églises ou les chapelles et étaient parfois intégrées dans l’enceinte des cimetières attenants aux bâtiments, comme c’est le cas à Lesnoyal.


Les armoiries de la famille Châteaudérec, fondatrice présumée de la chapelle, se voient sur le fût de la croix. Sur l’écusson se lit « vairé d’or et de sable «

La chapelle, la croix et l’if constituent un ensemble classé
A proximité de l’enclos, l’ancien presbytère.
Le calvaire
Ce calvaire est en granit, il date d’environ 1900 puisque c’est l’œuvre d’un artiste, M. LORGEOUX, vicaire à Questembert de 1900 à 1906.

C’est un calvaire de grande valeur qui mériterait de l’attention.
Rédaction : E. le RAY – Photos : B. TRECA








