Alain Le Grand
contes et légendes

Alain Le Grand

A QUESTEMBERT – La victoire d’ALAN MEUR (Alain le Grand)

D’après l’historien Bleiguen et Erlannig – Edition 1958

En 799 la Bretagne fut envahie par le comte WIDO, lieutenant de CHARLEMAGNE.

Mais, vers 850 de nouveaux envahisseurs : les pirates normands s’emparèrent de Nantes, puis les drakkars remontèrent la Vilaine. Les moines de l’abbaye St Sauveur, devant ces païens qui incendiaient tout sur leur passage, incitaient la population à demander l’aide d’En Haut.

Puis ce fut Vannes, qui fut pillé et rançonné. Entre temps deux comtes se disputaient le trône de Bretagne : PASCWETEN, Comte de Vannes, et GURVAN, Comte de Rennes. Leurs héritiers, continuèrent leur querelle : Judicaël et Alan (fils du comte Vannes), mais devant le péril commun, ils finirent par se donner la main.

Dans les années 890, les envahisseurs sont au Guerno, puis ils arrivent à Coët Bihan. Entre temps le Comte Even et sa troupe, quittent la région du Léon et il  vient donner un coup de main à son cousin Alan.

Entre temps, un autre contingent de Normands envahit les rives du Blavet. Judicaël s’enfonça trop profondément dans les rangs ennemis et fut massacré. Alors ses troupes décrochèrent et revinrent vers l’est.

Autour de Questembert les combats font rage. Alan et Even reculent vers la lande de Bony et kergralan puis ker an Tal (le village du Combat). Alain joue sa dernière chance, et sous le coup de l’inspiration, tombe à genoux et promet à Dieu, s’il lui accorde la victoire, de donner au pape à Rome la « dîme » (le dixième) de ses biens. Cette scène se serait passée au Pont-Prié !

La victoire est complète, des renforts  arrivent de partout, dont ceux venant du Blavet, les pirates scandinaves tombent sous les coups répétés et imparables des Bretons. Tout autour du Bodan, de Carnély, de Kersec jusqu’au moulin de Carné, les cadavres des Normands, par centaines et par milliers, jonchaient le sol. Bien peu de pirates réussirent à rejoindre leurs drakkars amarrés aux rives de la Vilaine.

Exaucé, Alain s’occupa alors de reconstituer l’unité de la Bretagne : celle-ci sera préservée de l’invasion étrangère pendant un quart de siècle. L’histoire, alors, à juste titre a magnifié le vainqueur en lui décernant le titre de « Libérateur de la Bretagne » celui d’Alan Meur en Français Alain-le-Grand et en troisième lieu, celui de « Père de la Patrie ».

On peut penser que des croix furent érigées en souvenir de la victoire d’Alain-le- Grand :

  • La croix Rochue, dans le quartier de Beau soleil, en bordure de route à gauche, en descendant.
  • La croix de L’Ormeau, à droite juste après la route qui conduit à Kerdin.
  • La croix du Pont-à-la Poêle, actuellement dans un terrain privé.
  • La Croix-Tuin, sur l’ancienne route de Péaule à un km du village de Ker-an- Gat, avant l’embranchement de la route qui mène au Bodan.
  • La Croix de Carnély, ce mot signifierait « ossuaire » …
  • La croix de Ker-an-Tal, (la ville du front) refaite, elle se trouve à ce jour sur un terrain privé.
  • La Croix du Pont Prié – (le Pont à Prières) Cette croix vient de retrouver sa place. L’original, cassé, a probablement été utilisée pour empierrer le chemin. C’est en 1991 que l’Association du Patrimoine la fit refaire à l’identique, sur ses deniers, à charge à la Municipalité de la remettre à sa place. Ce qui fut fait ce jour 12 juillet 2018 !

La Bataille de Questembert a-t-elle existé ?

Les informations concernant Alain le Grand sont fragiles. Les faits, les filiations, les dates, varient avec les auteurs. A Questembert même, la colonne du cimetière abattue en 1793, relevée en 1848, indique 878 pour date de la bataille, tandis que le monument érigé en 1907 affiche 890. Pour Arthur de La Borderie il s’agirait de 888. Pour les historiens modernes ce serait plutôt 890. En plus, selon certains d’entre eux, la grande bataille d’Alain le Grand n’aurait pas eu lieu dans la région de Questembert !

Les Croix Armées

Des croix curieuses et vieilles, probablement, jalonnent encore aujourd’hui le territoire où se déroulèrent les principales phases des combats. Il semblerait qu’un certains nombre de croix existent encore aujourd’hui, érigés probablement peu d’années après la bataille, pour garder précieusement le souvenir au cœur du peuple breton.

La Croix de l’Isle : Dites aussi Croix des Brières. C’est un monolithe de 1 m 80 de haut. Elle posa question aux historiens qui crurent découvrir sur sa face l’inscription « Amio Moro » ! En fait c’est le monogramme de Jésus : I.H.S. Dans ce monogramme, I’’ H’’ du milieu est coupé verticalement d’une croix grêle surmontant un cœur : une quatrième orne la base du fût. Plus bas, sur le côté du fût sont sculptés deux tibias croisés, cantonnés de trois têtes de mort ; une quatrième tête de mort isolée, orne la base du fût.

Etant donné son ancienneté on peut penser qu’elle fut érigée en souvenirs de ceux qui tombèrent près de Coët Bihan au cours de la bataille qui se livra entre l’armée bretonne et les pirates normands.

La croix Rochue : Taillée dans un bloc de granit, elle mesure 1 m 50 environ. Elle porte une épée dont la garde est convexe et retombe vers la lame qui occupe la longueur du fut. Deux cassures lui ont été causée par un camion fou, il ya quelques années.

La croix de l’Ormeau : C’est un beau monolithe de granit, assez plat et sans sculpture atteignant 2 m de haut. L’endroit où elle fut placée, vraisemblablement, un des points chauds de la bataille, après son vœu, il lança de Ker-en-Tal et des alentours, la grande attaque finale qui devait le conduire à la victoire.

La croix de Ker-an-Tal : « la ville du front » Cette croix armée, cassée a été restaurée se trouve à ce jour dans une propriété privée, pas très éloignée du Pont Prié. Elle se trouve être au centre de la bataille livrée contre les Normands.

La croix du Pont-à-la-Poêle : Ce nom correspond à plusieurs parcelles de terre de la vallée, et dont une pierre sculptée, ressemblant à une poêle à frire, y a été retrouvée. Cette croix est du même genre que la croix Rochue. Retrouvée cassée, elle fut restaurée par le propriétaire du terrain qui la garda « chez lui » !

La croix du Pont Prié : Cette croix a existé, (là, où Alain le Grand pria pour gagner la bataille), mais elle a disparu depuis bien des années. On suppose qu’elle a été utilisée pour faire la route. Une nouvelle croix a pris sa place, grâce à l’Association du Patrimoine qui, en 1991, en fit refaire une à l’identique. Elle vient de retrouver sa place initiale en juillet 2018. C’est, en cet endroit supposé, qu’Alan aurait mis genou à terre en implorant le ciel !

La croix de Tuin, dite aussi croix de « Ker-an-Gat». Courte, étroite, et assez irrégulière, elle porte trois « croisettes » en relief surmontées de cinq points (figurant les cinq plaies du Christ). Elle fut érigée sur les lieux les plus chauds du combat, à l’endroit où la retraite des Normands allait commencer à se transformer en déroute.

La croix de Carnély (Ossuaire) : Elle domine le vallon de Carnély où les normands furent encerclés et anéantis. Il est probable qu’un certains nombre de Normands furent inhumé dans les parages. Dans leur déroute, ils cherchaient à regagner leurs drakkars à « la vieille Roche » en Arzal.

Il est probable qu’après une première défaite, l’armée bretonne d’Alan poursuivie par les Normands reflua vers Coët Bihan et L’Isle et Cadelin. Puis une nouvelle défaite l’aurait conduit vers Questembert, pour y trouver du renfort, et la victoire !

            Voir sur notre carte le lieu de la bataille d’Alain le grand contre les Vikings, répertorié :