Le Bodan fait partie des « Frairies » de la paroisse de Questembert (division de la paroisse). Elle regroupe des personnes qui partagent des intérêts communs et s’entraident pour leurs travaux, se répartissent les corvées…Chaque frairie avait son responsable (bâtonnier ou homme de vertu, nommé à vie) puis, après la révolution, sera nommé un procureur par frairie, qui sera responsable du budget propre de la chapelle et rendra des comptes au conseil de fabrique.


Vue d’une partie du village du Bodan. La croix bannière étant retirée lors de sa remise en état
La chapelle du Bodan faisait le relais entre l’église paroissiale et le secteur du Bodan qui est resté enclavé jusqu’au XX° siècle, ce n’est qu’en 1910, que ce secteur fut inscrit en priorité pour amélioration des chemins ruraux d’où l’ouverture d’une voie carrossable.
LE BODAN, diminutif de LE BOT, signifie en breton «bosquet ou demeure entourée d’arbres». LE BOT est la demeure de l’homme libre.
Le Bodan comptait en moyenne une dizaine de feux à la fin du 17ème siècle, village peu peuplé, mais avec des laboureurs, un maréchal ferrant, un marchand mercier, un tisserand. Un ou deux baptêmes et mariages étaient célébrés chaque année en cette chapelle. En 1638 est célébré celui de Julien Jégo et de Jeanne Daniel.
Les enterrements se faisaient à Bréhardec, ainsi que les inhumations dans la chapelle et dans le cimetière contigu.
Trace d’une ancienne seigneurie, entourée d’un grand mur.
Dénominations de lots sur l’ancien cadastre : le château, le parc du château, le grand parc, le champ des prêtres.
Les principaux propriétaires sont les LAUZER LARMOR, avant la révolution, descendants de la famille GUILLO du BODAN, et les LE GLAUNEC……..
Les Le Glaunec avaient eu en héritage un lot de terre qui relevait de la seigneurie de Rochefort. Cette famille était donc propriétaire de terres au Bodan dès la révolution, et d’après le cadastre de 1825, cette famille figure parmi les plus importants propriétaires du village. Gilles Le Glaunec, prêtre, originaire du village marqua son passage au Bodan de 1639 à 1658 avant de devenir recteur de Guilliers. Il avait doté la chapelle d’une fondation (droits acquis en échange de service et de messes annuelles) qu’il vendit en 1673 à son neveu jean Le Glaunec.
On compte parmi les GUILLO du BODAN, plusieurs maires de VANNES et députés au 18ème.
La cour du Bodan

Grange portail plein cintre, 6 travées, 18 m, « fruit en pied ».
Le grand logis, réfection au 19ème Pignon derrière la maison de gauche) ;
A l’intérieur une cheminée fin 16ème avec corbelets striés sur culots moulurés
(Fin du 16ème, début 17ème).
La propriété était un petit manoir ou une maison de maitre, car les murs de clôture existent encore.
De l’autre côté de la rue, maison avec appentis comportant une porte à orthostate. Sur la façade de cette maison, un emblème : buste d’un homme tenant dans ses bras – peut-être un cœur – qui vient d’ailleurs !


Plus loin, une remise avec portail plein cintre, rampanage, il existait en haut une pierre triangulaire. Ce bâtiment a été agrandi postérieurement à sa construction. Tel qu’il se présente aujourd’hui, il possède toutes les caractéristiques d’une chapelle (ou un oratoire de petite taille), orientation est-ouest, absence de cheminée, petite taille de la porte ouest qui ne conviendrait pas à une porte de grange ; petite fenêtre au dessus, chevronnières en pignons, ceux-ci sont découronnés de leur faîte, que l’on peut imaginer facilement sous forme de croix ou de clocheton. Ce bâtiment est sur le même modèle que la chapelle actuelle du village : serait-il la première chapelle de ce village ?


A proximité, de l’autre côté de la route, une parcelle porte le nom de champ des prêtres, des pierres tombales ont été découvertes, peut-être s’agissait t-il d’un cimetière de prêtres.
Une ferme gallo-romaine au Bodan.
En mars 1961, en étudiant le cadastre, monsieur LE CORNEC, instituteur, passionné d’archéologie, découvre un site archéologique, tout près d’une voie romaine, sur une parcelle en cours de défrichement.
Un ferme gallo- romaine entourée d’un talus avec la présence d’un dallage en pierres plates. On y trouve sur la totalité de l’enceinte, des débris de céramiques, des fragments de poteries, des meules, un lissoir de potier, des ardoises épaisses taillées en disques circulaires (couvercles), une perle cylindrique en verre bleu, un très grand nombre de clous en fer et un objet en fer recouvert de bronze, 2 monnaies, en mauvais état, du 3ème siècle, un peson en pierre, des aiguisoirs.
Sans doute construite en torchis ou en bois, absence de pierres appareillées et de mortier, peut-être un pilier supportant une avancée du toit : là, nous avons trouvé une clef, une accumulation de cendres sur deux foyers, de la terre charbonneuse ;
Il s’agissait probablement d’un petit domaine agricole, avec sa cour pavée et entourée d’un muret, au vu de la grande quantité d’objets à destination agricole.
(Voir Société Polymathique du Morbihan).
LE PRESBYTERE
Il se situait au village de Kerdin, à quelques centaines de mètres de la chapelle.
C’était une maison d’une belle importance, et gravés, sur le linteau de la porte, un calice et le nom du chapelain de l’époque : M.P LE BOT prêtre « habitué » 1712.
Rénové assez récemment, l’accès à la chapelle est toujours possible par un petit chemin creux.
Au XXème siècle, la fête de la frairie est célébrée en septembre, la fête des rogations se perpétue jusqu’à nos jours.
Rédaction : E. le RAY – Photos : B. TRECA, X