Fours

Les fours à pain en Bretagne

            La Bretagne est jalonnée de milliers de fours à pain. À l’heure où les Bretons s’intéressent à nouveau à leurs fours à pain en les restaurant, ou mieux, en les remettant en activité, ces généralités permettront de mieux comprendre leur raison d’avoir été.

            Les fours à pain étaient également des vecteurs de lien social très important. Lieu de rassemblement, d’échanges et de convivialité, les familles s’y réunissaient pour allumer et alimenter le feu puis préparer le pain, entretenant le lien social entre les habitants d’un même village.

            Durant plusieurs siècles, les fours à pain ont constitué des lieux majeurs de la vie domestique en milieu rural. Témoignages des savoir-faire de nos ancêtres, ils parsèment le territoire dans les campagnes françaises et sont très présents en Bretagne. Leur état de conservation varie. On les rencontre à l’état de ruines, entretenus avec un respect du bâti d’origine, ou complètement « rénovés » à partir de matériaux et techniques modernes. Après avoir été abandonnés au lendemain de la seconde guerre mondiale, les fours à pain suscitent, aujourd’hui, un intérêt croissant. Certains d’entre eux redeviennent des lieux de sociabilité, le temps d’une fête locale ou d’un évènement familial. D’autres sont réactivés de façon permanente pour servir le travail d’un paysan-boulanger. Au même titre que nos habitats, ils témoignent de la grande diversité des terroirs géologiques, culturels, architecturaux et culinaires d’un territoire, d’une région, d’une commune ou même d’un village.

Les fours à pain :

Histoire et savoir-faire :

            La présence de fours à pain est attestée dès l’Antiquité dans le bassin méditerranéen. Cette petite construction est composée de matériaux de proximité et employée à différents usages : cuisson de galettes (rudimentaires), de viande, probablement… Cette technique est diffusée par les Romains en Occident puis se développe dans la civilisation gallo-romaine.

A l’époque féodale, le four était la propriété du seigneur qui y exerçait ses « droits de ban ». Les habitants étaient donc soumis au règlement d’une redevance pour leur utilisation.

En France, ces droits seigneuriaux sont abolis à la Révolution Française, entrainant la multiplication des constructions de fours dans les fermes.

Au XXe siècle, la professionnalisation du métier de boulanger et l’invention des fours à fuel, puis à gaz et électrique, conduit à ce jour au déclin progressif de l’utilisation des fours à pain, jusqu’à leur abandon. Ils étaient incontournables dans les fermes et les villages.

Ils ont été particulièrement conservés en Bretagne. Ils font partie des édifices d’accompagnement au même titre que les puits, fontaines etc.

Les typologies :

Les fours à pain doivent leur diversité à la composition géologique du sol, à l’implantation, au plan, aux matériaux de la voûte et de la sole, à la forme de la gueule, à la couverture, et aux éléments architecturaux qui les composent en fonction des secteurs. Il existe deux types de fours. Les fours « isolés » et les fours « adossés ».

            Les fours « isolés » sont construits à l’écart des autres bâtiments de la ferme afin d’éviter les risques d’incendies ou éventuellement pour être à proximité de l’eau, d’un puits ou d’un fossé, et à l’abri des vents. Lorsqu’il appartient au village, celui-ci s’élève généralement au centre pour être facilement accessible à tous.

            Les fours « adossés » sont construits contre un pignon d’un bâtiment (ty forn ou fournil), une remise (karrdi) ou une maison.

Haut de page

L’implantation / le plan :

L’emprise au sol d’un four à pain peut varier en fonction du secteur géographique. Il peut être construit sur un plan circulaire, le plus souvent en fer à cheval, mais peut aussi être carré ou rectangulaire.

Les matériaux :

            Les matériaux employés dans la construction sont prélevés au sol dans les environs. La pierre la plus utilisés est le granite pour le socle du four et la voûte. Le schiste et le grès sont employés plus généralement pour la construction du massif circulaire.

            Les moellons sont employés pour le « gros œuvre » c’est-à-dire le socle et la voûte. L’ouverture, la gueule, le linteau et les corbeaux sont généralement en pierre de taille.

            Le bois peut être utilisé pour les linteaux de hotte de cheminée dans le fournil.

La voûte :

            La voûte peut être construite en terre, en pierre (généralement en granite) pour les modèles les plus anciens et jusqu’à la fin du XIXe siècle. Puis le développement des briqueteries remplacera progressivement les voûtes en pierres de pays par des voûtes en briques réfractaires.

            Des moellons non équarris de dimensions et formes diverses sont souvent employés pour la voûte. Les pierres sont assemblées à partir de la base par rangs superposés remontant peu à peu jusqu’à former la « clef de voûte ».

Haut de page

La sole :

            La sole (surface plane sur laquelle sont posés le feu et la fournée) est construite en dalle de pierre sur un lit de sable (dans les secteurs granitiques ou ardoisiers), en terre battue (plus rare) et très généralement en carreaux de terre cuite.

La couverture :

            Les fours de notre secteur sont recouverts d’une couverture végétalisée (le dôme en terre est recouvert de mottes enherbées). Ils peuvent être également couverts d’une toiture en pierre mais ceci est rare ! La sablière, ou corniche, en saillie permet de retenir les terres du dôme en pays de granite.

L’ouverture : la forme de la gueule :

« La gueule forme l’entrée de la cavité du four. Elle se présente le plus souvent sous la forme « en plein cintre » : formée par deux blocs de pierre taillés en arrondi. On en trouve aussi en carré, ou rectangulaire, ou à linteau droit (plus exceptionnel)

Haut de page

Des détails constructifs :

            De nombreux détails constructifs ou architecturaux caractérisent les fours.

            Les niches à cendres : un trou est prévu à même la sole ou placé sur la pierre d’autel qui servait à évacuer les cendres réutilisées pour la fabrication des lessives notamment.

            Les niches à épices : niches placées sur la façade du four de part d’autre de la gueule servaient à y entreposer épices et condiments.

            Les trous d’évent : très fréquent en Basse-Bretagne, le trou d’évent ou de ventilation est placé généralement sur le linteau de l’ouverture ou au-dessus. Il permet l’arrivée d’air favorisant le tirage du feu. Il pouvait être rebouché par une pierre ou un pieu de bois pour stopper l’aération.

            Les portes : les gueules étaient fermées par une porte en fonte ou une grosse pierre placée sur l’autel. Sur certains fours, des encoches apparaissent sur les pieds droits. Des trous placés de part et d’autre servaient à recevoir une barre pour bloquer la porte.

            Toutes ces particularités témoignent des usages, des modes de vie et des modes constructifs traditionnels qu’il est important de repérer et recenser pour conserver et faire revivre ce patrimoine de proximité.

« Un larmier »

            En Bretagne, et plus spécialement à Questembert, les fours sont construits avec un larmier.

            Le larmier, également appelé « coupe-larme », est la partie saillante transversale basse de la charpente d’une corniche, d’un bandeau ou d’un appui de fenêtre en façade, qui a pour fonction d’éloigner l’eau de ruissellement de la face du mur et donc d’éviter son infiltration.

Exemple d’un four remis en état, ayant une couverture particulière (en pierre) avec son larmier – Bodrebel.

Haut de page

Article extrait du site internet : les fours à pain de Bretagne d’Albert POULAIN

Voir sur notre carte les fours à pain répertoriés…

Haut de page

La Carte

Voir sur notre carte les fours à pain répertoriés :