LA CHAPELLE DU BODAN.
NOTRE DAME DES NEIGES, CHAPELLE FRAIRIENNE, DEDIEE A LA VIERGE.

Pourquoi NOTRE DAME DES NEIGES ?
D’abord dédiée à SAINT JULIEN jusqu’à la révolution, puis à NOTRE DAME DES NEIGES, qui protège les cultures des dernières gelées.
La frairie du Bodan
Le Bodan fait donc partie des < frairies> de la paroisse de Questembert (division de la paroisse), elle regroupe des personnes qui partagent des intérêts communs et s’entraident pour leurs travaux, se repartissent les corvées…chaque frairie avait son responsable (bâtonnier ou homme de vertu, nommé à vie), puis après la révolution sera nommé un procureur par frairie, qui sera responsable du budget propre de la chapelle et rendra des comptes au conseil de fabrique.
La chapelle
La chapelle du Bodan justifie sa taille par le fait qu’elle servait aux fidèles de treize villages : le Bodan, Carnély, Lescuillo, le Moulin de Carné, Ténulho, Kerdin, Kercabon, Kerjégo, le Moulin de Tohon, Kerglasier, le Chêne Brûlé ( la Ribotte ), Kerangat, le Gond.
Mais Carnély, village voisin du Bodan, faisait partie des terres nobles situées sur le territoire de Questembert, c’était une seigneurie (relevé des baux des frairies daté de 1616) plus ancienne que celle du Bodan.
Sur le cadastre de 1825, Carnély est un village plus construit, sans doute plus peuplé que le Bodan, il n’est donc pas exclu qu’une chapelle ait existé dans ce village. Quelques indices vont dans ce sens. En effet, au Penher en Carnély existe encore une petite maison couverte en chaume jusqu’en 1970 que les anciens du village appelaient La Bedeaucherie (maison du bedeau) ou la Bibliothèque. Existait aussi près de cette chaumière une parcelle dénommée « le courtil de la chapelainie » et après 1905 des parcelles ont été cédées à la commune par la paroisse.
La chapelle du Bodan faisait le relais entre l’église paroissiale et le secteur du Bodan qui est resté enclavé jusqu’au XX° siècle, ce n’est qu’en 1910, que ce secteur fut inscrit en priorité pour amélioration des chemins ruraux d’où l’ouverture d’une voie carrossable.
LE BODAN, diminutif de LE BOT, signifie en breton « bosquet ou demeure entourée d’arbres » .LE BOT est la demeure de l’homme libre.
Le Bodan comptait en moyenne une dizaine de feux à la fin du 17° siècle, village peu peuplé, mais avec des laboureurs, un maréchal ferrant, un marchand mercier, un tisserand. Un ou deux baptêmes et mariages étaient célébrés chaque année en cette chapelle. En 1638 est célébré celui de Julien Jégo et de Jeanne Daniel.
Les enterrements se faisaient à Bréhardec, ainsi que les inhumations dans la chapelle et dans le cimetière contigu.
La chapelle du Bodan est très ancienne, plusieurs phases de construction sont visibles sur l’édifice. Le bâtiment d’origine datant du XV / XVIème siècle était à pans rectangulaires.

Au XVIIème siècle d’importants travaux sont réalisés, dont l’agrandissement de l’édifice, probablement l’érection du clocheton en pierre situé sur la façade sud.
Lors du démontage en 2002 du retable en bois peint, ont été découvertes sur le mur derrière l’autel des peintures sur enduit de chaux.

Elles représentent des guirlandes de feuilles de chênes et de glands, poires, pommes et raisins. Le thème de la tulipe y est prépondérant (cette fleur est encore très rare au 17ème, ses bulbes se disputent à prix d’or, considérée comme aussi luxueuse que des métaux précieux, donc digne de figurer dans un sanctuaire). On y trouve également des angelots et des bouquets fleuris. Tous ces motifs se retrouvent presque à l’identique sur le retable en bois qui, lui , possède deux petits retours sus les côtés.

L’autel en coffrage est encadré par deux buffets bas pour ranger les éléments liturgiques.
ANALYSE STYLISTIQUE
Les consoles ont étés bûchées en 1693 afin de permettre l’installation du retable en bois
Niche prévue pour recevoir la statue de LA VIERGE ET L’ ENFANT, vocable sous lequel est placée la chapelle.
Similitude avec la chapelle de BRANGOLO ( 1680) en Noyal-Muzillac, par Y. GUILLAS.
En 1927 (bulletin paroissial), la chapelle du Bodan menaçait ruine. Pendant la grande guerre et depuis, elle avait été négligée, comme tant d’autres monuments, l’appel à la générosité des paroissiens a été entendu, plusieurs personnes, surtout de la frairie ont apporté leur offrande. (Réfection de la toiture ….)
LES STATUES
St Julien
St Nicodème, il protège les porcs et bêtes à cornes, comme St Cornély et St Herbot, protecteur des forgerons comme St Eloi.
Notre Dame des Neiges
La Vierge à l’enfant (en plâtre, placée dans une vitrine).
St Joseph, époux de la vierge et père nourricier de Jésus qu’il porte sur son bras droit.
Datant toutes du XVIIème siècle.
En ce qui concerne les objets religieux qui appartiennent à la chapelle :
Une croix de procession, en métal gris argenté.
Une croix en fer, dorée, ornée de feuilles de chênes.
Une croix d’autel, en bois, toutes les deux datant du 19ème siècle.
Un livre liturgique assez ancien.
LE DALLAGE
Le dallage en granit ne porte aucune inscription ce qui permet de supposer qu’elles ne recouvrent pas des tombes.
LA CROIX BANNIERE
Le calvaire à croix bannière signalait l’accès à l’enclos de la chapelle.
C’est une belle croix historiée, à panneaux (on en compte quatre de ce style sur la commune de Questembert : le Bodan, St Michel, St Doué et le Congo.
Elle porte la date de 1700 à la base de son fût, donc moins ancienne que la croix de la chapelle St Michel (XVIème et XVIIème).
La partie supérieure de cette croix est composée de quatre panneaux historiés représentant chacun des scènes de la vie du Christ ou des personnages : dont
la Crucifixion, une Piéta (une vierge en pitié), St Jean et Marie Madeleine, la présentation de S Pierre.
Ayant subi les outrages du temps, elle a été enlevée de son socle (fût et panneaux historiés). Elle a retrouvé sa place le vendredi 3 août 2001, restaurée à l’identique.

LE BENITIER
De taille importante, il pourrait avoir servi de baptistère, il daterait du milieu du XVII° siècle.

FONTAINE ORATOIRE
À l’ouest de la chapelle, en descendant à une centaine de mètres, on trouve la fontaine – oratoire, édicule à trois cotés, surmontée par un dôme quadrangulaire « écrasé ».
Elle porte une date de 1778, fontaine édifiée en remplacement d’une autre plus ancienne. Avec poteaux d’ouvertures en anse de panier, boules aux angles, belle niche avec 3 bubons où était placée une vierge à l’enfant, dite du rosaire, car elle et son enfant portent chacun à la main un rosaire. Cette statue y a séjourné jusqu’en 2003. En bois polychrome, elle pourrait dater du 17ème.
Les trois boules représentent les trois besants (ancienne monnaie d’or) des armes des ROCHEFORT. (L’eau guérissait les yeux).
Un lavoir existe à proximité.

LE PRESBYTERE
Se situait au village de Kerdin,à quelques centaines de mètres de la chapelle.
Maison d’une belle importance, et gravés sur le linteau de la porte, un calice et le nom du chapelain de l’époque : M.P LE BOT prêtre habitué 1712.
Rénové assez récemment, l’accès à la chapelle est toujours possible par un petit chemin creux.
Au XXème siècle, la fête de la frairie est célébrée en septembre, la fête des rogations se perpétue jusqu’à nos jours.
VILLAGE du BODAN
Trace d’une ancienne seigneurie, entourée d’un grand mur.
Dénominations de lots sur l’ancien cadastre : le château, le parc du château, le grand parc , le champ des prêtres.
Les principaux propriétaires sont les LAUZER LARMOR, avant la révolution, descendants de la famille GUILLO du BODAN, et les LE GLAUNEC……..
Les Le Glaunec avaient eu en héritage un lot de terre qui relevait de la seigneurie de Rochefort. Cette famille était donc propriétaires de terres au Bodan dès la révolution, et d’après le cadastre de 1825, cette famille figure parmi les plus importants propriétaires du village. Gilles Le Glaunec, prêtre, originaire du village marqua son passage au Bodan de 1639 à 1658 avant de devenir recteur de Guilliers. Il avait doté la chapelle d’une fondation ( droits acquis en échange de service et de messes annuelles) qu’il vendit en 1673 à son neveu jean Le Glaunec.
On compte parmi les GUILLO du BODAN, plusieurs maires de VANNES et députés au 18ème.
La cour du Bodan
Grange portail plein cintre, 6 travées, 18 m, fruit en pied
Le grand logis, réfection au 19ème.
A l’intérieur une cheminée fin 16ème avec corbelets striés sur culots moulurés
(Fin du 16eme, début 17eme).
La propriété était un petit manoir ou une maison de maître, car les murs de clôture existent encore.
De l’autre coté de la rue, maison avec appentis comportant une porte à orthostate. Sur la façade de cette maison, un emblème : buste d’un homme tenant dans ses bras – peut- être un cœur – qui vient d’ailleurs !.
Plus loin, une remise avec portail plein cintre, rampanage , il existait en haut une pierre triangulaire. Ce bâtiment a été agrandi postérieurement à sa construction.
Tel qu’il se présente aujourd’hui, il possède toutes les caractéristiques d’une chapelle (ou un oratoire de petite taille), orientation est-ouest, absence de cheminée, petite taille de la porte ouest qui ne conviendrait pas à une porte de grange ; petite fenêtre au dessus, chevronnières en pignons , ceux-ci sont découronnés de leur faîte, que l’on peut imaginer facilement sous forme de croix ou de clocheton. Ce bâtiment est sur le même modèle que la chapelle actuelle du village : serait-il la première chapelle de ce village ?
(étude historique 2006, M. SIMONOT)
Une ferme gallo-romaine au Bodan.
En mars 1961, en étudiant le cadastre, monsieur LE CORNEC, instituteur, passionné d’archéologie, découvre un site archéologique, tout près d’une voie romaine, sur une parcelle en cours de défrichement.
Un ferme gallo- romaine entourée d’un talus avec la présence d’un dallage en pierres plates. On y trouve sur la totalité de l’enceinte, des débris de céramiques, des fragments de poteries, des meules, un lissoir de potier, des ardoises épaisses taillées en disques circulaires (couvercles), une perle cylindrique en verre bleu, un très grand nombre de clous en fer et un objet en fer recouvert de bronze, 2 monnaies du 3° siècle en mauvais état, un peson en pierre, des aiguisoirs.
Sans doute construite en torchis ou en bois car absence de pierres appareillées et de mortier, peut-être un pilier supportant une avancée du toit : là a été trouvé une clef.
Une accumulation de cendres sur deux foyers, de la terre charbonneuse ;
Il s’agissait probablement d’un petit domaine agricole, avec sa cour pavée et entourée d’un muret, au vu de la grande quantité d’objets à destination agricole.
(Société polymathique du Morbihan).
À proximité, de l’autre coté de la route, une parcelle porte le nom de champ des prêtres, des pierres tombales ont été découvertes, peut-être s’agissait t-il d’un cimetière de prêtres.
La chapelle Notre Dame des Neiges est réparée mais dépouillée de tous les éléments déposés en 2003. Le retable et les statues, protégés au titre des monuments historiques, ne sont toujours pas restaurés et attendent de revenir à leur lieu d’origine : LA CHAPELLE.